Chroniques Biologiques d’Yves Muller -
Du serpent qui se mord la queue
à l’auto-cannibalisme des cellules
Cette 16ème chronique démarre avec l’un des plus anciens symboles mystiques du monde, appelé l’ouroboros, et qui est un serpent qui mord sa propre queue. Cette chronique aborde ainsi l’origine égyptienne de ce symbole, son utilisation par diverses civilisations puis ses différentes significations. Cette chronique décrit ensuite un étrange processus qui a lieu dans les cellules et au cours duquel une sorte de croissant limité par une membrane se forme, s’allonge et finit par se refermer comme un ouroboros. La fermeture de ce croissant membranaire aboutit à la formation d’une vacuole limitée par une double membrane et qu’on appelle l’autophagosome. Les lysosomes sont les organites de la digestion intracellulaire et ils vont permettre notamment la digestion du contenu de l’autophagosome. Et ainsi, comme le serpent qui dévore sa propre queue, les cellules peuvent digérer leurs propres constituants par un processus d’autophagie, une sorte d’auto-cannibalisme cellulaire. La formation d’un autophagosome caractérise la forme majeure d’autophagie appelée la macro-autophagie, mais cette chronique présente aussi d’autres types d’autophagie. Le rôle des gènes Atg (autophagy-related gene) dans l’autophagie est également évoqué. Puis cette chronique montre que l’autophagie joue un rôle essentiel à l’échelle des cellules et de l’organisme. Les relations entre l’autophagie et certaines maladies liées au vieillissement, telles que les cancers et les maladies neurodégénératives, sont également abordées. Et s’offre aujourd’hui à l’homme la possibilité de moduler l’autophagie pour lutter contre ces maladies. Dans la mythologie égyptienne, l’ouroboros protégeait le pharaon lors de son passage dans le monde des morts et lui permettait d’accéder à l’immortalité. L’autophagie de nos cellules nous protège aussi des méfaits du vieillissement et l’activer pourrait prolonger notre longévité.
Auteur : Yves Muller – Professeur Agrégé Université Montpellier
16. Biological Chronicles - From the snake that eats its tail to the auto-cannibalism of cells
This 16th chronicle begins with one of the oldest mystical symbols in the world, the Ouroboros, the snake that eats its own tail. We thus addresses the Egyptian origin of this symbol, its use by various civilizations and then its different meanings. We then move on to a strange cellular process in which a kind of crescent surrounded by a membrane forms, lengthens and eventually closes in an ouroboros type membrane. The closure of this crescent membrane results in the formation of a vacuole limited by a double membrane called the autophagosome. Lysosomes are the organelles of intracellular digestion and which permit the digestion of the contents of the autophagosome. And so, like the snake that devours its own tail, cells can digest their own constituents through a process of autophagy, a kind of cellular auto-cannibalism. The formation of an autophagosome characterizes the major form of autophagy called macro-autophagy, but we will also present other types of autophagy. The role of the autophagy-related gene (Atg) in autophagy is also discussed. Then we will see how autophagy plays an essential role at the level of cells and the organism. The relationship between autophagy and certain age-related diseases, such as cancer and neurodegenerative diseases, is also discussed. Today humans have the possibility of modulating autophagy to fight against these diseases. In Egyptian mythology, the Ouroboros protected the pharaoh during his passage in the world of the dead and allowed him to reach immortality. The autophagy of our cells also protects us from the harms of ageing and activating it could prolong our longevity.
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